Emmanuel Macron sera-t-il le premier Président des Etats-Unis d’Europe ?

Tribune de Alain Longérinas - 24 octobre 2017 

Il y a deux ans environ, naissait ce qui a tout d’abord été un mouvement avant de devenir un parti politique : La République En Marche.
Réussite fulgurante d’un entrepreneur politique qui a monté, ou laissé croire qu’il montait, sa « petite boite »… pardon, sa « Start Up » ! (petite boite, ça fait « ancien monde » mais pourtant c’est du français…) pour se lancer à la conquête du sommet politique de ce pays: l’élection présidentielle.
Laissé croire, car pour atteindre son objectif, notre jeune entrepreneur ne manquait pas d’atouts:

  • Ancien banquier d’affaire pantoufleur, il disposait déjà d’une fortune personnelle conséquente lui permettant d’avoir une capacité d’emprunt non négligeable auprès d’institutions qu’il connaît bien: les banques
  • Ancien Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique après avoir été Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée, il a profité de ses années au gouvernement pour se constituer un réseau auprès des décideurs économiques, futurs soutiens et donateurs pour sa campagne
  • N’oublions pas également qu’E. Macron est un ancien de l’ENA avec tout ce que cela suppose d’efficacité et de facilité en terme de réseautage dans les plus hautes sphères du pouvoir
  • Tous ces réseaux ont fini par déteindre sur les 7 plus grands propriétaires de médias en France qui l’ont tous choisi pour « champion » avec le résultat que nous connaissons: une part d’audience et un nombre de « unes »  inégalés  pour un homme politique en 2017

Le résultat est aujourd’hui connu mais, avant d’effectuer un retour sur les premiers mois de notre nouveau Président de la République, souvenons-nous un peu du Ministre de l'Economie qu’il fut:

  • Du genre très proche du MEDEF (tout le monde se souvient de sa première intervention dans ce cénacle avec son message très « Business Friendly »)
  • Du genre ulcéré à l’Assemblée Nationale quand Manuel Valls a dû employer le 49-3 pour faire passer sa loi éponyme (comment l’Assemblée osait-elle mettre en doute la justesse de son analyse concernant les freins rencontrés par le pays et la clarté de sa vision ?)
  • Du genre méprisant avec les Français « d’en bas » (ceux qui ne sont rien en langage « macronien »), les ouvriers de GAD ne sont pas près d’oublier sa façon de parler d’eux.
  • Du genre « perso » dans sa façon de se désolidariser du gouvernement dont il faisait partie d’une manière générale et en particulier quand les difficultés sont devenues trop importantes et les résultats trop mauvais... voilà justement le moment qu’il a choisi pour partir.

Nous pouvons donc constater que Macron Ministre intériorisait déjà toutes les composantes du Président qu’il est devenu:

  • Il n’a jamais oublié les humiliations subies à l’Assemblée Nationale (lui muet, cloué sur son banc, obligé de laisser le 1er Ministre Valls s’exprimer à sa place pour défendre sa loi), la longueur des débats tournant trop souvent au « Macron Bashing », donc aucun étonnement à le voir utiliser les ordonnances pour faire taire en retour les députés de l’opposition sur la loi travail.
  • Il méprise toutes les composantes de la société française soupçonnées par lui d’être des freins à son action, aujourd’hui regroupées sous l’appellation « d’ancien monde » dont le principal tort à ses yeux est en fait de ne pas l’aimer.

J’en viens maintenant au volet de son opportunisme et de son ambition en posant ces quelques questions:

  • Macron s’est-il fait élire pour devoir s’escrimer pendant 5 ans sur le système, à de nombreuses inconnues, de l’équation économique française ?... c'est-à-dire: le chômage de masse, la dette endémique en partie due au système monétaire de l’Euro, le budget quasi impossible à boucler en respectant les directives européennes, l’immigration en partie voulue par Bruxelles, les actes de terrorisme en augmentation exponentielle...
  • Cette équation est-elle résoluble dans un pays qui doit supporter une monnaie surévaluée pour lui ?
  • Ce système n’a-t-il pas été dès le départ pensé pour que, sur le long terme, la seule solution soit l’intégration économique de tous les pays qui composent l’ensemble européen ?
  • Dans ce cas, quel est le véritable objectif de Macron ?

Bref, la question n’est-elle pas tout simplement: l’élection de Macron à la Présidence de la République Française est-elle un début ou une fin ?

C’est ici que nous devons nous arrêter quelques instants sur la personne de notre Président. Il est jeune, à peine 40 ans; il a été abreuvé durant toutes ses hautes études par le paradigme européen (il est né en 1978 et n’avait que 14 ans au moment de la signature du traité de Maastricht); il sait qu’à à peine 50 ans, il devra quitter définitivement les plus hautes fonctions dans ce qui est encore son pays, la France.

Qui peut croire que notre ambitieux, avide de reconnaissance, persuadé de sa supériorité, désireux d’être le premier en tout, songe un seul instant à se retirer définitivement des affaires dans une décennie ?
Va-t-il profiter de sa retraite et faire une pige de temps en temps (la constitution Européenne par exemple) comme Giscard ?
Va-t-il faire des conférences et siéger dans un conseil d’Administration d’une entreprise comme Sarkozy ?
Va-t-il créer une vague association comme Hollande ?

La réponse à ces questions est bien évidement non. Indigne de Jupiter, indigne d’un personnage dont l’un des seuls défaut est de ne pas aimer vivre une vie « normale ».
Il vise la Postérité Européenne, la seule qui vaille à ses yeux.
Il va tout faire pour parachever l’œuvre de ses prédécesseurs, heureusement largement contestée par le peuple en 2005, et engager notre pays dans un chemin sans retour, qui signerait sa fin, celui qui mène à la création de la Fédération des Etats-Unis d’Europe dont le premier Président sera forcément Allemand ou Français.
La chancelière Merkel, sauf le respect qui lui est dû, n’est plus toute jeune, je vous laisse donc deviner ce que Macron a en tête pour les 10 ans à venir.
Il dissoudra au passage tous les maux actuels de notre pays dans un ensemble plus vaste, tellement vaste qu’il atteindra des proportions systémiques, et auquel rien ne pourra être refusé. Et pourquoi pas en même temps réécrire l’histoire, la « success story » macronienne ?
Et la boucle sera bouclée, la « petite boîte » créée en 2015 sera devenue en une bonne dizaine d’années une multinationale et le leader européen.

Compagnons, mobilisons-nous ! Si nous ne faisons rien, d’ici 10 ans, la France commencera à disparaître.
La patrie est en danger !

Ces jours-ci, c’est l’Espagne au travers de l’affaire catalane qui a été abîmée, demain la Belgique pourrait disparaître. Où tout cela s’arrêtera-t-il ?

Battons-nous pour un autre modèle d’Europe, un modèle qui respecte la souveraineté des nations, l’identité des peuples qui y vivent, qui ne fasse pas d’elles les débitrices éternelles des 24 grandes banques systémiques, qui ne fasse pas de notre pays (comme des autres pays de la zone Euro) le marché domestique de l’Allemagne, prisonnier qu’il est d’une monnaie trop forte pour lui. On se demande d’ailleurs, quand on sait cela, pourquoi certains s’étonnent que l’économie allemande se porte mieux que la nôtre.

Battons-nous pour une monnaie commune, et non une monnaie unique, qui nous servirait à payer nos importations (ainsi ceux qui désirent nous vendre des produits seraient obligés d’ajuster leurs prix à nos moyens). Nous pourrions alors également dévaluer notre monnaie nationale pour rendre nos exportations plus compétitives (et mieux résister à l’économie allemande, pour éviter de leur livrer un nouveau Alstom sans même discuter). Tout ceci afin de réindustrialiser notre pays et y faire reculer le chômage.

Toutes ces mesures dans le cadre d’un système clairement confédéral en lieu et place de cette Fédération que l’on cherche à nous imposer en douce, même si c’est en l’évoquant de temps à autre, pour nous mettre devant le fait accompli.

Non Compagnons !, grâce à notre action et à la grande mobilisation citoyenne des « Amoureux de la France », Macron ne deviendra pas le premier président des Etats-Unis d’Europe.


Alain Longérinas
Délégué DLF de la 12ème circonscription des Yvelines